Vers la fin du 11ème siècle, les Seigneurs de la Ferté firent don des églises locales à l’Abbaye de Morigny.
(Vers 1095 – confirmation par Louis VI le Gros en 1120 à Yèvres-le-Châtel ) et l’abbé de Morigny érigea tout de suite l’église Notre-Dame en prieuré.
Le service d’un prieuré comprenait au moins trois religieux dont le Supérieur était le Prieur et dépendait de l’abbé qui était en quelque sorte son évêque ( ordre régulier ), lui-même étant sous les directives de l’évêque diocésain ( ordre séculier ), l’évêque de Sens en l’occurrence.
Les religieux de La Ferté desservaient les deux églises et leur maison ; le prieuré se trouve à l’angle des rues Sainte-Barbe et de Notre-Dame où il reste quelques vestiges.
Le prieuré dans l’organisation ecclésiastique, est un Monastère dépendant d’une Abbaye, en l’espèce celle de Morigny, et placée sous l’autorité d’un Prieur, lui même supérieur.
Histoire du Prieuré:
La donation des églises Notre-Dame et Saint-Pierre de la FERTE-ALAIS à l’abbaye de MORIGNY par Guy TROUSSEL et ADÉLAÏDE vers 1095 fut confirmée en 1120 à YERES le CHATEL par LOUIS VI.
– en 1145 à ORLÉANS par LOUIS VII
– En 1182 à PARIS par PHILIPPE AUGUSTE
L’abbaye de MORIGNY d’abord établie à ETRECHY puis à MORIGNY en 1082 était une colonie de moines du PRIEURE Bénédictins de Saint GERMER de FLY (Oise).
L’abbaye de MORIGNY devint une abbaye autonome en 1106, arrêt de Philippe Ier.
L’abbaye de MORIGNY dépendait du diocèse de SENS.
C’est à ses abbés Thomas MACAIRE et THOUIN (disciple de SUGER) que nous devons la transformation de l’église.
L’abbaye de MORIGNY établit un Prieuré à LA FERTE ALAIS au début du 12ème siècle.
Le service du Prieuré comprenait une communauté d’au moins 3 religieux dont le Supérieur s’appelait Prieur et dépendait de l’abbé qui était comme son évêque régulier, réserve faite des droits de l’Evêque diocésain ou séculier.
Les religieux du Prieure de la FERTE-ALAIS devaient desservir les églises Notre-Dame et Saint-Pierre.
De 1144 à 1148 l’abbé THOUIN fit établir un cloître entre la maison du Prieur, la Nef et le croisillon Nord, avec une grande cour surélevée en terrasse du côté du clocher.
La construction de ce cloître ne peut être que postérieure aux travaux de surélévation et de construction de le voûte de l’église. 1130/1140.
Le cloître aurait empêché les échafaudages ainsi que l’élévation des nouvelles piles de contrefort de l’église.
Du cloître on entrait dans l’église soit par une porte (actuellement bouchée) qui vu de l’intérieur de l’église se trouve à gauche du croisillon nord, soit par une 2ème Porte (actuellement bouchée) située, vu de l’église à gauche de la nef, derrière le banc d’œuvre.
De la terrasse, une porte actuellement bouchée, donnait accès à l’église, elle est visible de l’église, face ou croisillon nord. La dénivellation terrasse-église exigeait un escalier en bois.
Un escalier de pierre à l’angle ouest du croisillon nord faisait communiquer le cloître avec la cour.
Au bas de cet escalier disparu on voit encore une armoire à livres, ménagée dans le mur, encadrée d’une feuillure avec sur le côté des rainures pour les tablettes de bois (visible de la cour du cabinet médical).
Jean LYOT, curé de LA FERTE-ALAIS fera les offices à l’église Notre-Dame et St-Pierre pour 80 livres en livres en deniers. Le Prieur en supplément des dits appointements aura un logement au Prieuré, jouira de la grange et des écuries de celui-ci.
Les services seront faits de telle sorte que le dit Prieur ne reçoive aucune plainte des paroissiens, de ce fait, le Prieur se garde le pouvoir d’aller à la chasse et de faire pêche en le rivière de LA FERTE-ALAIS (réf,9-58).
1690 – à l’issue de l’administration de Jean-Baptiste du SAUSSAYE, dernier Prieur, commendataire, le Prieur redevint régulier. Le titulaire fut un des religieux de SAINT-GERMAIN-des-PRES (PARIS) et les revenus en furent rattachés à la MENSE (revenu d’un abbé d’une communauté) de l’abbaye de ST-GERMAIN-des-PRES jusqu’à la Révolution. (Réf. 3-57).
De tous temps, le Prieuré jouissait de revenus, loyers des terres des bois et prés lui appartenant. (Terres sur d’HUISON, BOISSY le REPOS, au VENT des FRICHES, CERNY, VILLIERS etc…).
Il percevait une dîme sur les communes de BAULNE et LA FERTE-ALAIS.
Le 6 Juin 1790, (livre des délibérations – folio 88), le Prieuré fut vendu suivant le décret du 17 mars 1790 :”vente d’une maison faisant corps de ferme appelée le Prieuré de Notre-Dame de la FERTE-ALAIS, plus terres, bois, prés” etc….
Monsieur Joseph CHAPELLE, Baron de JUMILHAC, propriétaire des terres de GUIGNEVILLE propose 75.000 livres.”
Dimanche 20 Juin 1790, le Maire de LA FERTE-ALAIS, Monsieur ROBERT, fait savoir que la municipalité refuse la vente du Prieuré.
Depuis le 8 novembre 1789 (malgré les promesses faites au curé par le Maire Monsieur ROBERT), le presbytère étant délabré, la commune loue un logement en ville pour héberger le curé.
Normalement les travaux devraient être entrepris le 10 juillet. (Registre délibération 1789 – folio-41-).
Monsieur le Curé J.B BARDET présente une requête à la municipalité pour convertir le maison du Prieuré en Presbytère. (Le Prieuré faisait Partie du démembrement de l’abbaye de ST-GERMAIN-des-PRES).
Sa demande est rejetée à l’unanimité moins 3 voix.
Le 14 Octobre 1790 (livre de délibération du 1790 – folio 126), le maire fait part à l’assemblée municipale, à 4 heures de relevée, des propos tenus par le curé BARDET : voici ce qui fut dit en chaire “J’avais demandé la maison prieurale pour me faire le presbytère, l’ancien étant en très mauvais état. La Municipalité s’est opposée à ce que cette maison me fut accordée après estimation du département. Il en coûtera beaucoup plus que le Prieuré n’aurait coûté pour me loger… etc”.
Ce qui n’est pas rapporté ce sont les propos que le curé a tenu ensuite en chaire (archives paroissiales).
“Ce n’est pas ce qui me fut promis par le Maire, sieur ROBERT, avant d’être élu à le place de maire. Il convenait que le Prieure devait servir de logement au curé. Il est devenu Maire, il a changé d’avis, il veut acquérir le Prieuré, pour en faire un cabaret.. ! Quel scandale!”. (Extrait du registre des délibérations du Directoire du département de Seine-et-0ise – page 130.)
« Considérant que l’échange proposé par le sieur curé de LA FERTE¬ ALAIS apporterait un tel préjudice à la vente de cette portion du bien National, en divisant la maison prieurale du corps de ferme nécessaire à l’exploitation des terres qui en dépendent, qu’on n’en serait pas dédommagé par la vente de l’ancien presbytère, que les réparations à faire pour le rendre logeable sont très considérables, a en conséquence, déclaré qu’il n’y a lieu de faire droit sur la demande d’échange”.
Avril 1791 – d’après la liste des biens immobiliers autrefois appartenant à la Paroisse de la FERTE-ALAIS le presbytère ne sera pas vendu.
“Le Prieuré, maison prieurale et dépendances. 41 arpents de terre en l’ïle de d’HUISON. 29 arpents de terre, tant en terroir de La FERTE-ALAIS, qu’en celui de BAULNE, 8 arpents de terres de prés, près de la rivière, 7 arpents de bois à VILLIERS, le tout vendu à Laurent VINCENT, BOURGEOIS, TOUSSAINT, MATHIEU BOURGEOIS, J.B ROBERT maire qui ont soldé le prix le 28 avril 1791 pour 51.000 francs. (Réf. 5-65.).
14 arpents de terres, baie, friches du Prieuré vendus le 10 octobre 1791 à Nicolas, DUCLOS de BAULNE et à Pierre GUERIN de LA FERTE-ALAIS pour 1605 francs – (n° 234 des ventes – réf. 4-56).
11 Janvier 1795 devant Monsieur LEFEBVRE, notaire en Chatelet de PARIS fut passé au profit de sieur METIVET un bail de tous les biens du Prieuré, et, en particulier, de la maison du Prieuré bâtie sur le terrain qui longe l’église.
En 1807, la veuve METIVET est devenue propriétaire du Prieuré.
Relevé sur livre des délibérations 1807 : Veuve METIVET fait demande de faire poser l’égout de couverture d’une bergerie qu’elle se propose de construire dans le jardin du Prieuré. Refus du maire : veuve METIVET construisait en pignon de la bergerie à 1 mètre du pilier de la nef de l’église.
Le maire donne l’autorisation de construire ce bâtiment mais elle ne pourra construire ce bâtiment qu’à une distance minimum de 2 mètres 700 millimètres ! Des piliers appuyant le pan de la dite église …etc. (séance du 10 mai 1807)
(La bergerie : cabinet médical).
Sources :
Document unique le cartulaire des titres du Prieuré de la FERTE-ALEPS de 205 pages contenant 92 textes originaux, depuis se fondation au 12ème siècle jusqu’au 18ème siècle ;
Archives du diocèse de SENS ;
Écrits du Père DESGRANDCHAMPS.
Histoire au fil.
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