L’Église Saint Pierre du XIème siècle est sans doute l’église la plus ancienne de notre Cité.
La Ferté Alais, possédait deux églises données par Guy II dit Troussel et son épouse Adélaïde.
On constate dans la chronique de Morigny que le seigneur de la Ferté, Guy Trousseau et Adélaïde son épouse, ont fait don aux moines de l’Abbaye de Morigny en 1095 des églises de Notre-Dame et de Saint-Pierre, cette dernière étant à l’époque l’église paroissiale de la Ferté Alais. Cette donation a été confirmée en 1120 par le roi Louis VI Le Gros.
Les deux églises étaient sous les ordres du Prieur du diocèse de Sens, et les religieux qui les géraient habitaient au Prieuré ( 22 rue Notre Dame). Le Prieuré possédait des terres et des revenus.
L’église Saint Pierre est élevée sur l’ancienne rue du Haut-Pavé, qui traversait autrefois la ville fortifiée de la Ferté Alais.
Sur ce plan du XVème siècle obtenu des archives Nationales de Paris, il est à noter que l’église occupait l’intégralité de la parcelle.
Les ruelles qui l’entouraient servant alors ( dit-on) aux processions:
Cette église est attribuée à Guillaume de Gometz. Au XVIIe siècle, elle occupe encore l’intégralité du terrain, elle est entourée des rues et des ruelles empruntées lors des processions.
D’abord la ruelle Saint Pierre qui desservait l’église Saint Pierre, puis la rue des Forges, qui fut appelée rue de la Liberté pendant la Révolution, actuellement c’est la rue André Branche.
En 1095, le seigneur de La Ferté Guy Trousseau et sa femme Adélaïde firent don à l’Abbaye de Morigny, des deux églises.
L’église Notre-Dame fut érigée en prieuré et l’église Saint-Pierre devint l’église paroissiale de La Ferté Alais.
Un devis de travaux, de 1680, démontre que cette église est dans un état de grand délabrement.
Il ne reste que quelques vestiges (baie, bases de colonnettes) de cette petite église urbaine, ancienne église paroissiale de la Ferté Alais qui fut peu à peu supplantée par l’église Notre Dame et qui s’écroula faute d’entretien, en 1790. L’édifice est en site classé.
L’église fut mise en vente au titre des biens nationaux le 10 octobre 1791 au prix des matériaux tant le bâtiment était ruiné.
Elle fut acquise par le sieur ROBERT l’aîné, Maire de La Ferté Alais pour la somme de 1600 livres, à l’usage de grange et figure ensuite comme ruinée.
Elle est portée au cadastre de 1828 comme mégisserie, puis ultérieurement la bâtisse fut aménagée en maison d’habitation.
Transformé en maison d’habitation puis en étude d’Huissier de justice, l’édifice est acheté par la municipalité en 1997, alors que l’ancien propriétaire a déposé la charpente et qu’il a commencé les travaux de mise à nu des murs.
Eglise-La-Ferte-Alais-Ruines_2001-1
Le site s’étend sur une surface d’environ 300 m² se partageant en deux parties:
On constate:
Façade SUD: deux ogives romanes possédant chacune une allège avec rejet d’eau parfaitement conservée, des clefs de voute endommagées ou déplacées mais existantes;
Façade EST: deux contreforts avec pierre d’appui supérieure de facture trés sobre;
Façade NORD: une ogive en parfait état et une demi ogive (trace d’éboulement) ainsi qu’une petite porte latérale avec linteau en grès ouvragé.
Suite à la découverte de cette porte latérale, un sondage intérieur a été effectué au nu du mur intérieur au droit de ladite porte.
Ce qui a permis de découvrir à moins de 150 cm du sol actuel, le seuil de la porte et des vestiges du sol originel de l’église ( petite tomette 15:15).
Cette tranchée prolongée vers l’Orient au nu du mur intérieur a permis de mettre à jour une pilastre et un pied de colonne de très belle facture, positionnée à mi-distance de l’emprise extérieure des ogives, puis de mettre à jour deux ogives dont une à meneau avec chapiteau sculpté et boudin d’ogive maçonné.
Une première section orientée à l’est constituée d’éléments architecturaux qui caractérisent le chœur d’une église, une seconde partie située à l’ouest où s’élève un pan de mur ( fort endommagé) attenant à l’édifice et un garage à voiture. D’après les plans du XVIIème siècle, l’église avait déjà à cette époque une toiture à 4 pans.
Bien des questions demeurent, mais on peut émettre l’hypothèse quant à la datation de l’édifice qui pourrait se situer à une époque charnière entre le roman et le gothique, ce qui expliquerait la provenance des éléments de voussoirs présents dans le mur.
(date vraisemblablement du XIIème siècle).
Sur le côté sud devait s’élever le clocher et pourquoi l’escalier extérieur ne se trouve t’il pas en face de la porte ?
Cet escalier n’était-il finalement pas un socle servant à des processions ou bien encore un calvaire ?
La question reste posée mais voyons l’histoire de cette église par Monsieur JEULIN:
ÉGLISE SAINT-PIERRE DE LA FERTE-ALAIS – HISTORIQUE:
Vers 1095, le seigneur de La Ferté Guy Trousseau et sa femme Adélaïde firent don à l’Abbaye Morley, récemment installée en ce lieu, de deux églises: l’église Notre-Dame, qui fut érigée en prieuré et l’église Saint-Pierre qui devint pour un temps l’église paroissiale de La Ferté Alais.
Ainsi on peut lire dans la Chronique de Morigny-Champigny (livre I Paragraphe Il): (…) “Guy Trousseau, très fidèle de ce lieu, nous donna les églises de La Ferté-Baudoin, avec le consentement de sa femme Adélaïde et de son père Miles Le Grand, vicomte et sa mère, vicomtesse, laquelle, la nuit précédente, s’était vue en songe tenant à la main un rameau d’olivier. Nous, alors, nous avons tous dit, en entendant (le récit) de ce songe de la bouche de cette dame qu’il était clair que ce qui nous avait été alloué par eux relevait vraiment de la bienveillante et divine providence. »
La donation fut confirmée en 1120 à Yèvres-Châtel par Louis VI, en 1145 à Orléans par Louis VII et en 1182 par Philippe-Auguste. L’Abbaye de Morigny, d’abord établie à Etrechy, puis en 1082 à Morigny, dépendait jusqu’en 1106 du prieuré bénédictin de St Germer-de-Fly (Oise).
L’église Saint-Pierre se trouvait alors située rue du Haut Pavé, artère principale de La Ferté Alais, alors place forte qui gardait le gué de l’Essonne, à la jonction des routes de Brie et de Beauce. Cette rue, actuellement rue Brunei, traversait toute la ville jadis fortifiée de remparts, de la porte de Baulne à la porte de Beauce. Aujourd’hui, sur les soubassements de cet édifice, s’élève une maison particulière, partiellement détruite, à ciel ouvert à l’angle de la rue Brunei (n°3) et de la ruelle St Pierre, ainsi qu’un jardin avec appentis. Il apparaît, au vu d’un plan du XVIIème détenu aux Archives Nationales que l’église St Pierre occupait l’intégralité du terrain, entouré des rues et ruelles à l’usage, selon la tradition, des processions.
Vers 1630, la peste dévasta La Ferté-Alais. Il s’ensuivit une période de grande misère. L’église Saint-Pierre était alors dans un état de grand délabrement, ainsi qu’en témoigne un devis du 12 mai 1680, d’un montant de 800 livres, présentant la réfection de l’église, devis duquel il ressort qu’il conviendrait de faire les travaux suivants, dont l’importance témoigne de la dégradation de l’église:
1°- Abattre le pan de la nef du côté de Madame CHARTIER, il penche et n’a plus d’aplomb: 30 toises à rétablir avec ses piliers à chaux et à sable,
2°- L’autre pan, du côté de la maison jadis à CAPRON, n’est plus d’aplomb, abattre et refaire 15 toises au moins,
3°- Refaire la pointe du pignon d’entrée, du côté de la rue de Baulne, 5 toises,
4°- Quatre baies de fenêtre, deux d’un côté, deux de l’autre, puis revoir et placer les rainures de vitres,
5°- Rétablir toute la charpente de la nef, fournir les bois manquant, les chevrons et principaux assemblages, faits avec chevilles de fer,
6°- Faire la couverture de la nef, fournir la latte, clous, tuiles et faîtieau, bien sceller d’arête de la faiture et faire un entablement convenable,
7°- Rétablir la couverture du chœur et du clocher, fournir et raccommoder les tuiles, « clous, lattes et faîtieau,
8°- Réparer les vitres du chœur, les remettre d’aplomb, raccommoder les tuiles,
9°- Refaire les ais du plancher, de la nef, du chœur, les mettre chacun dans sa « convenance de niveau, fournir au moins 6 000 de carreaux,
Il apparaîtrait qu’en raison de l’opposition du curé de Notre-Dame, ces travaux n’aient pas été réalisés mais aucun autre document ne vient conforter cette assertion.
Toutefois il semble que l’église Saint-Pierre, bien que n’étant plus église paroissiale, continua d’être affectée au culte tout au long du XVIIIe siècle puisqu’un marguillier de Saint-Pierre continua de siéger au conseil des marguilliers de La Ferté-Alais pour délibérer des affaires concernant la fabrique.
De plus, lors du transfert des reliques des saints Hippolyte, Fidel, Fident et Fortuné, en 1711, il est fait explicitement mention de l’église Saint Pierre:
« J’ai, Alexis Farcy, prêtre, curé de La Ferté-Alais, maître ès arts en l’Université de Paris, écrit sur ce présent registre par supplément ce qui suit, afin que la postérité soit instruite que l’an mil sept cent onze, le quinzième jour d’août, à trois heures après-midi, Messire Antoine Paulet, bachelier en droit, natif du diocèse de Saint-Flour, en Auvergne, curé de La Ferté-Alais, « accompagné de Messire Claude Thierriat, curé de Cerny, et de Messire Alexis Farcy, vicaire desservant le prieuré de La Ferté-Alais pour Messieurs de Saint-Germain-des-Prés, a mis, exposé « dans une châsse de bois doré, les reliques des Saints Hippolyte, Fidel, Adent et Fortunée, (lesquelles consistent dans l’os coronal du crâne de Saint Fidel, martyr, un os qui fait partie de la a clavicule de Saint Adent, martyr, et une mâchoire inférieure de Sainte Fortunée, martyre, ainsi qu’il (est expliqué dans le procès-verbal des Saintes Reliques, fait par le Sieur Thierriat, le 7 avril 1711.
Les dites reliques ayant été portées processionnellement par les dits sieurs Paulet, Thierriat et Farcy, à l’issue des Vêpres chantées dans la grande église église Notre-Dame et « paroissiale de la dite Ville, à l’église Saint-Pierre, enclose dans les murs de la cité, au lieu où était « la châsse devant le grand autel de Saint-Pierre, elles ont été visitées par M Jean Catherina, « procureur royal, qui les a authentiquées.
Et après avoir été exposées à la vénération du peuple, elles ont été enfermées dans la dite châsse.
Etaient présents: Deschamps, curé d’Itteville, Margnier, curé de Baulne, Catherina, a procureur, Duchesne, notaire, Larcher, greffier et autres habitants notables.
Et de la dite église Saint-Pierre, elles ont été portées solennellement en procession à l’ermitage appelé Notre-Dame des Anges et ensuite rapportées à l’église Notre-Dame de La Ferté-Alais, où elles ont été exposées à la vénération des fidèles pendants huit jours. (cit. idem supra)
La Chapelle St Pierre fut mise en vente au titre des biens nationaux le 10 octobre 1791 au prix des matériaux tant le bâtiment était ruiné. Elle fut acquise par M Robert l’Ainé, Maire de La Ferté-Alais du 23 janvier 1790 au 20 novembre 1791, pour la somme de 1600 livres, à l’usage de grange. (cf. Archives de Seine-et-Oise – Publications de Domaines Nationaux – District d’Etampes)
Ultérieurement la bâtisse fut réaménagée en maison d’habitation. Elle était portée au cadastre de 1828 comme mégisserie.
C’est en 1997 que la commune de La Ferté-Alais se porta acquéreur de cette bâtisse en vue d’en faire le syndicat d’initiative de la municipalité, après que le vendeur, M DEVIWERS, huissier de justice, ait entamé les premiers travaux de remise à nu des vestiges de l’église et ait déposé, avant de s’en séparer, la charpente de l’édifice.
Préalablement aux travaux de réhabilitation programmés par la commune, des sondages furent effectués en mai 1997 par un archéologue départemental, qui fit ressortir qu’à l’exception des élévations, tous les vestiges médiévaux du sous-sol avaient été détruits par de nombreux creusements réalisés pendant la période contemporaine.
10°- Raccommoder la grande porte, refaire à neuf la petite porte de bois, crépir et enduire le reste de l’église, par dedans et par dehors.
L’examen de ce devis par la fabrique nous est parvenu:
Furent présents, François LEGENDRE, maître cordonnier, et Jean PETIT père, marchand (boucher, marguillier de l’église Notre-Dame de La Ferté, en la présence de l’avis et du « consentement de Monsieur François DELAFOLJE, substitut du Procureur du Roi au baillage, Paul « DUCHENNE, Procureur, Nicole LEGER, huissier royal, Jean-Baptiste CHENARD, marchand, François ARCHER, huissier royal, Louis BRVET, marchand, François LEBRUN, vitrier, Henri PETIT (père, receveur du domaine, François AUBERT et Jean BUREAU, tisseur de toile, tous habitant La Ferté, assemblés au son de la cloche à la manière accoutumée à l’issue des vespres, pour délibérer des affaires de la paroisse et désirant continuer ce que leurs pères ont envers Saint-Pierre qu’ils ont honoré en l’église dudit nom, particulièrement depuis l’année 1630, que le dit lieu fut attaqué par la peste et pour cet effet, réparer le chœur d’icelle, et, par conséquent, rétablir le « service qu’y avait accoutumé d’y être fait, à laquelle ils auraient, il y a longtemps satisfait, sans la « misère et la nécessité des habitants qui se sont (…) assemblés pour cet effet, et qui ont toujours eu la crainte de n’y pouvoir réussir, après en avoir conféré en particulier, tout le monde ayant toujours persévéré dans ce dessein, dans lequel ils ont été secondés par Pierre CHARTIER, écuyer, sieur des Parquets et des Brosses, Conseiller du Roi, Commissaire Ordinaire des Guerres à la conduite de la Cavalerie Légère de France, auquel ledit DELAFOLIE a prit la peine d’écrire plusieurs fois, et même aussi conféré et parlé, et encore que Monseigneur l’Archevêque , désireux de ce rétablissement, a promit les quêtes publiques dans l’église Notre-Dame de La Ferté, ledit DELAFOLIE a prit soin, par les avis dudit sieur CHARTIER, de converser diverses fois avec Michel GALOUP, architecte à La Ferté, et de faire plusieurs devis, lesquels ont enfin réduits et arrêtés à celui ci-dessus.
A ces causes, le dit GALLOUP, a promis et promet et s’oblige envers les dits marguilliers, corps et communauté de la dite Ferté, de rétablir la dite église selon le devis, et de fournir tous les Matériaux nécessaires, moyennant le prix et la somme de 800 livres qui sera payable au dit
GALLOUP, en cette manière, savoir: 80 livres par le dit CHARTIER, plus, par ledit CHARTIER, 200 livres pour un demi-arpent de pré, légué par Anne COLLIGNON, suivant son testament.
A cet effet les dits marguilliers et habitants ont mis le dit CHARTIER, aux droits de la dite église, lui faisant toutes cessions et transports requis et promis, (…) de faire continuer le service porté par le dit testament, nonobstant que l’emploi en soit fait pour l’église Saint-Pierre, parce que la dite église, comme celle de Notre-Dame, étant sous la même direction curiale et des mêmes marguilliers, elles sont censées ne faire qu’un seul corps, si même que les legs qui, jadis, ont été faits à l’église Saint-Pierre, ont été régis par le clergé et employés pour la dite église Notre-Dame.
Plus, le dit GALLOUP recevra de Jean MOREAU, la somme de (non indiquée) et pour les exemplaires du présent contrat, les parties se sont respectivement soumises à la juridiction du Baillage de La Ferté.
(Avec mention du refus fait par Nicolas DELAFOLJE, prêtre-curé de Notre-Dame de La Ferté, de signer le dit acte).
Fait et passé en l’église Notre-Dame de La Ferté, l’An 1680, le 12 May, après-midi, au banc d’œuvre(Et le jeudi 13 juin 1680, quittance par Michel GALLOUP à Monsieur Pierre CHARTIER, (écuyer, sieur des Parquets et des Brosses, de 330 livres, stipulées par le dit contrat, la minute signée: BARREAU.
Cité dans « la petite histoire de La Ferté Alais et de ses environs de vers l’an 1000 à nos jours
de Maurice JEULIN
L’église Saint Pierre fait l’objet d’une restauration grâce à la participation de la Fondation de France et aux Chantiers jeunes:
Et une nouvelle toiture fut posée, une nouvelle page est en cours d’écriture.
La Galerie:
Archives Nationales
ERP ONAC Soisy s/ Seine Baccalauréat Session 2001
Histoire au fil
Maurice Jeulin ” La petite histoire de la Ferté-alais”
©Copyright 2009 Philippe AUTRIVE – Tous droitsréservés