Le 16 mars, le protectorat de Bohème-Moravie est proclamé. Quatre mois après, c’est la Pologne qui est agressée
sans déclaration de guerre par l’Allemagne nazie. La Seconde Guerre mondiale commence.
Le 10 mai 1940. La Wehrmacht envahit la Belgique et les Pays-Bas, théoriquement neutres. Le corps expéditionnaire anglais
et français volent au secours de l’armée belge, mais tombent en fait dans un piège. Le 14 mai, les panzers des trois
divisions blindées du général Heinz Guderian pénètrent en France par le sud, à Sedan (Ardennes). Les Allemands se ruent sur
la Somme pour encercler les forces franco-britanniques. C’est la débâcle. L’exode des civils vers le sud est massif.
Fin mai 1940, dix à douze millions de personnes sont sur les routes et 90.000 enfants perdent leurs parents dans la fuite.
Paris capitule le 14 juin 1940.
Le 18 juin 1940, une voix s’élève à Radio-Londres. « Quoiqu’ il arrive la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre
et ne s’éteindra pas » déclare le Général de GAULLE.
Quelques Fertois s’illustreront avec courage, qu’hommage et respect leur soit rendu ici.
Le 15 juin 1940, le Régiment d’Infanterie du Général BAZELAIRE prend position dans la commune. Le 16 juin
groupement se retire pour se replier vers la rive Sud de la Loire. Le 27 juin 1944, des chasseurs bombardiers anglais attaquent
un convoi ferroviaire allemand à Guigneville ; Lors de l’explosion de plusieurs wagons, une des maisons est endommagée.
Le 23 juillet 1944, la gare de la Ferté-alais est bombardée.
La Résistance :
Le réseau local est dirigé par le docteur SUBERCAZE, maire de la commune, Chevalier de la Légion d'Honneur et Croix de guerre.
(Avec l'aimable collaboration de CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS que je remercie)
Le 3 septembre 1943, une forteresse volante en difficulté s’abat sur Cerny. Une grande partie des hommes est recueillie
par le réseau local. Ils sont rapatriés vers l’Angleterre. M. René LEGER ( futur maire de la commune) est déporté à
Ellrich après tortures pour avoir abrité un de ces aviateurs. Il ne rentrera qu’en 1945, squelettique et pitoyable,
libéré par les Américains à Bergen-Belsen après séjour à Dachau.
« Son chant me dit tout », annonçant le parachutage d’agents.
L’équipe de réception gagne alors le terrain pour mener l’opération « Corine Sabot ».
Les Allemands, renseignés, sont en embuscade et tirent sur les premiers arrivants : André BRANCHE,
(né le 15/07/1908 à La Ferté Alais) est abattu. Georges HEREN, dit Moustique (né le 24/11/1920 à Vrizy)
apprenant le drame, monte au Tertre pour tenter de porter secours à son camarade. Il est tué à son tour. Le bilan est
lourd : 2 résistants sont morts et sur les 12 agents britanniques parachutés, 10 sont capturés ( 7 sont exécutés à la
prison de Beauvais, les 3 autres parviennent à s’échapper). Un survivant, M. HERBERT, soldat au 1er SAS intègre le
groupe FFI de Vert le Petit.
Henri PIGEOLLET a été décoré de la Médaille de la Résistance Française à titre posthume.
Un monument commémoratif du Tertre situé sur la route départementale a été élevé à la mémoire d’André BRANCHE et
de Georges HEREN qui ont été tués, avec 7 Anglais au cours du parachutage allié. Depuis, le 3 juillet 2005, réalisée par
le sculpteur Alex GARCIA, une statue symbolisant la résistance a été inaugurée et chaque année le 4 juillet, la
Municipalité commémore cet élan de courage.
En ce dimanche 3 juillet 2005, nous inaugurons ce monument en hommage à la Résistance face à l’oppression, en hommage
au courage de jeunes gens qui ont donné leur vie pour la liberté.
Nous sommes réunis ici pour nous souvenirs, car la véritable mort c’est l’oubli, et la tache qui nous est impartie avec
une nécessité impérieux est de transmettre la mémoire, 61 ans ont passé, le plateau du tertre est toujours venteux,
surplombant le village, bordé au nord par les bois, au sud par des habitations, en son sein une ferme pédagogique où chaque
jour nous accueillons des enfants, des élèves, des écoliers.
Et ils l’apercevront ce jeune homme de Bronze, haut perché, béret sur la tête, marchant d’un pas décidé, volontaire, marqué
du courage et de la détermination de la résistance à l’oppression.
La ville de la Ferté Alais, ses élus et votre serviteur l’ont voulu cette statue dédiée à la résistance comme gage d’une
humble reconnaissance de notre ville à ses femmes, à ses hommes, à ses enfants fauchés par la serpe de la bêtise
humaine ténébreuse.
Mandat a été donné à Alex Garcia de réaliser une œuvre tournée vers l’avenir, symbolisant la marche des idées de liberté et
de fraternité. L’œuvre est réussie, et il nous appartient de faire avancer les idées, d’inculquer les valeurs de justice et de
tolérance et d’avoir toujours au cœur ce parfum de rébellion, qui sent bon la liberté.
C’est le cœur serré que nous dévoilons aujourd’hui cette statue, qui ne représente pas un soldat, mais un jeune homme
allant, sans armes, sans uniforme, à l’image de tous ces résistants, qui non mobilisés de force, souvent avec des armes
de fortune, au risque et au péril de leur vie, luttèrent pour que le souffle de la liberté tant chérie ne cesse pas.
Ce monument est une trace, une empreinte 1945, c’est la fin de la guerre, 1945, c’est la fin de l’oppression, Un lourd poids
qui s’allège des épaules de chacun. On est libéré, c’est tout, c’est la joie.
A nom de notre ville, Je vous salue.
Philippe AUTRIVE
Maire de la Ferté-alais
3 juillet 2005
La résistance est représentée à travers Louis MOREAU, chef de la résistance pour la région sud du département de
Seine-et-Oise, arrêté en 1944, il meurt en déportation à Buchenwald.
Son domaine hiérarchique était extraordinaire et allait du canton de Méreville à celui de Juvisy sur orge en passant par
Milly, la Ferté-alais, Arpajon, Montlhéry ou Dourdan sans oublier Etampes.
Louis Moreau est au centre de la photographie
« Louis Moreau est né le 21 septembre 1888 à Saint-Junien près de Limoges. Il devient Inspecteur Primaire en 1925 et
arrive à Etampes en 1938. Il entre dans le combat clandestin sous le nom de Vincent où il va apporter les ressources de sa
subtile intelligence. Dénoncé le 21 juin 1944, il a le temps de sauver l’officier qui dort àà côté. Il est arrêté, incarcéré à
Fresnes où il est torturé puis à Compiègne d’où il partira dans le dernier train de la mort ( 117 hommes dans le wagon sans air,
sans sommeil, sans repos, sans même de l’eau ; arrivée à 11 survivants, épuisés à Buchenwald. Louis MOREAU meurt
le 23 septembre 1944 épuisé par les tortures et ce voyage sans nom. »
René CHAUMETTE le 18/04/03
L’école primaire du centre ville porte le nom de Louis MOREAU.
« M. Moreau, une école ou l’on apprend à apprendre, porte votre nom, et chaque jour qui passe, des écoliers passent le pas de
sa porte, pour lire, pour écrire, pour apprendre, seul rempart pour éloigner l’obscurité qui vous happé ».
Certains sont démobilisés, comme Raymond OLIVIERI, le 18 mai 1945.
Et puis il y a ces résistants, dont on n’ose pas prononcer les noms, tant d’années après, par crainte d’en oublier certains, que
l’on me pardonne mes erreurs, mes omissions ou mes oublis, s’il y en a.
Raphaël BOUILLON, à la Ferté, dit « le cantonnier » qui recueillait les renseignements par ses collègues des environs et les communiquait à Etampes . Bouillon dit Raf animait une bonne cellule, avec le Docteur SUBERCAZE, Maire, avec le dénommé LIBAULT secrétaire de Mairie, démobilisé en 1940.
MARTIN, adjoint de BOUILLON qui s’évadera d’Allemagne et qui enseignera clandestinement les lettres, l’histoire et la
géographie.
Et puis il y a les autres, tels M. BAZIN l’épicier, le facteur LEBON, un mutilé de 14-18, qui subtilisait les lettres aux collabos
fertois. Marcel LEMAITRE restaurateur « au pied de mouton », Victor VILAIN, M. SEMETE lieutenant de gendarmerie qui rend d’énormes services. On sait qu’il a sauvé nombre d’individus dans sa circonscription en les avertissant d’avance d’une
opération à leur encontre. Après la guerre, M. SEMETE tient le café auvergnat de la place Carnot.
Il y a aussi le Maréchal des Logis-chef BRIASTRE qui commandait la brigade de gendarmerie de la Ferté Alais et qui résistait
avec le commandant PIEUCHOT.
Il convient de souligner le rôle important dans la résistance de la région Fertoise, en la personne de Jacques OUDIN:
" Engagé volontaire, Jacques OUDIN monte avec Jacques LUSSEYRAN le groupe des "Volontaires de la Liberté", puis rejoint le réseau "Défense de la France", dirigé par Philippe VIANNEY. Arrêté sur trahison, il est torturé sans révéler aucune information, puis il est déporté
et meurt d'épuisement un an après, à Ellrich (Allemagne) le 8 avril 1945."
http://jacques-oudin-resistant.fr/
Jacques LUSSEYRAN est l'auteur de " Et la lumière fut ".
Et encore d’autres, comme M. PIEUCHOT, Chef de résistance, au moulin du Gué, qui s’occupe du mouvement de résistance
« Vengeance », Gilbert BERLET dit « le Coiffeur », qui resta 12 heures dans son buisson et c’est lui qui vit l’accueil des parachutés, par les Allemands, aussitôt martyrisés ( 12 officiers anglais : 7 fusillés, 3 évadés, 2 disparus) dans l’opération
« Corine Sabot ».
D’autres encore, comme Réné SERGENT gérant des coopérateurs, Robert KELLER, ingénieur aux P.T.T, qui mourra en
déportation en avril 1945, après être venu se réfugier à la Ferté Alais en 1943 ou Pierre BEAUVAIS inhumé au cimetière de
la Ferté Alais après être décédé en captivité (1914-1945).
Robert KELLER fut condamné à mort, mais sa peine ayant été commuée, il fut envoyé en camp de concentration. On a retrouvé trace de
son passage au Struthof, à Oranienburg, puis à Bergen-Belsen où il est mort du typhus en avril 1945, alors que Paris était depuis longtemps libéré et que son camp devait l'être bientôt.
La Libération
Le même jour, les habitants neutralisent deux jeunes Waffen SS et les enferment dans la cave d’une maison inhabitée.
Le 22 août 1944, dans la matinée, passe une unité allemande forte de 300 hommes. Un officier ayant été abattu, de
nombreuses patrouilles surexcitées pénètrent dans les maisons, perquisitionnent à la recherche des « terroristes » et
prennent des hommes en otages.
Cent cinquante d’entre eux sont retenus dans le parc du Château de Villiers.
Au cours de l’opération, un réfugié espagnol tentant de se dissimuler est abattu.
Le même jour, les Américains arrivent dans la ville. La téléphoniste de la Ferté Alais, Mme Fernande FRAYSSE, réussit à
joindre une patrouille américaine. Guidés par le FFI, les Américains pénètrent par surprise dans le parc du château et libèrent
les otages. Une brève escarmouche a lieu à la porte de Baulne. La plupart des Allemands prennent la fuite ; une
cinquantaine d’entre eux sont capturés par les FFI.
Le Général Leclerc carrefour du Cheval Blanc à la Ferté Alais
d'effacement de la France, et lance à travers de multiples déplacements, discours et conférences de presse, son appel au redressement de la France. (le 8 février 1948, jour de sa venue à la Ferté Alais, le Général de Gaulle a la douleur de perdre sa fille).
Le 21 août 1994, la ville de la Ferté-Alais rend hommage à Mme FRAYSSE en apposant un plaque commémorative située
près de l’église où se trouvait l’ancienne poste ( 18 rue Notre Dame ) :
« Ici le 22 août 1944, Mme Fernande FRAYSSE, téléphoniste, par sa présence d’esprit et son courage, a permis l’arrivée
rapide des troupes américaines sauvant ainsi la vie de 197 otages et évitant l’anéantissement de la ville par les canons
ennemis. Les Fertois se souviennent et remercient ».
UNE TÉLÉPHONISTE FERTOISE A L HONNEUR
« Le matin du 22 août 1944, le village de La Ferté Alais est envahi par une unité allemande.
En effet, suite à une attaque menée par des partisans contre des camions de l’armée occupante à coups de grenades le long
de la gâtine, de nombreuses patrouilles pénètrent dans les maisons, perquisitionnent et arrêtent des hommes pour représailles.
La Kommandantur est alors installée dans l’immeuble « Les Marquises » face à l’ancienne Poste (aujourd’hui cabinet médical).
Madame FRAYSSE, de service au téléphone à la poste, arrive à comprendre que des hommes du pays ont été ramassés
et conduits au château de Villiers à Cerny pour y être fusillés.
Entre temps, Madame FRAYSSE réussit à joindre Boissy afin de les prévenir de ce qui se passait dans le village.
Un nouvel appel de Boissy Le Cutté lui permet de rentrer en contact avec l’armée américaine qu’elle presse au plus vite de
venirau secours des hommes qui allaient être fusillés sur le champs.
Elle signale également que des canons sont postés à l’entrée du village de La Ferté-Alais.
Enfin ,n’écoutant que son courage, Madame FRAYSSE réussit à enlever un fusible de la ligne téléphonique réservée
aux allemands, les coupant ainsi de toute communication.
Toutes les conversations eurent lieu en présence des allemands dans le bureau de poste.
L’essentiel pour Madame FRAYSSE, à la fois inquiète et nerveuse, était de prévenir les Américains du danger imminent couru
par les otages et de priver les allemands de toute communication par n’importe quel moyen.
C’est ainsi que les américains pénétrèrent par surprise dans le parc du château de Villiers à Cerny, délivrèrent les 197
otages, provoquant ainsi la débandade des allemands.
En souvenir du courage de Madame FRAYSSE face à l’armée d’occupation, nous remettons à son fils Gérard, à titre
posthume « La Médaille De La Ville »avec tous nos remerciements ».
Discours du 3 décembre 2005
Le monument aux morts réalisé par Maximilien FIOT et le Marbrier Jules MENET, supporte pour la période 1939-1945, les
noms suivants :
A.BRANCHE, A.BUQUET, P.CLEROY, P.PARADIS, J.PEREIRA, A.SAKKAS, G.HEREN.
Laissons la parole à Monsieur J.M MENET, Fertois, Président des Anciens Combattants en 1975 :
« Combattants de 39-45, nos jeunes frères, fils et neveux, qui avez montré des vertus égales aux nôtres, chaque fois que
vous furent donnés les moyens de combattre ; soldats souvent obscurs de la vraie résistance ; réfractaires et maquisards sur
le sol national, combattants des forces libres en Afrique et en Italie, libérateurs venus de la Manche et de la
Méditerranée, franchisseurs du Rhin, vainqueurs de l’Allemagne, et vous combattants d’Afrique du Nord, rejoignez vos anciens
et contentez leur grand désir de vous accueillir, de vous associer à leurs tâches, d’appuyer leurs expériences sur vos
jeunes forces ; d’assurer la relève, lorsque, n’ayant été que des survivants dans les partages inégaux du sort, ils auront
été rejoindre leurs frères, vos pères, tombés en plein feu, en plein sacrifice, en pleine gloire ».
« Pendant une semaine, les chars de l’armée Patton roulent sans arrêt au travers de la ville.
24 août 1944, Paris est libéré par la 2ème D.B de Leclerc et par la Résistance.
Nous sommes libres : fin août 1944. » René Chaumette.
Au nom de notre ville, je vous remercie toutes et tous pour votre courage et votre esprit de résistance, et à travers ces
quelques pages effeuillées, en notre qualité de bref dépositaire nous n’accomplissons finalement que notre devoir de
transmettre la mémoire.
Philippe AUTRIVE
Maire de la Ferté Alais (2001-2008)
L’Humanité 1904-2004 « Le Journal du Centenaire »
Lieux de mémoire en Essonne 1939-1945 Éditions SCEREN – Éducation Nationale
Le Républicain, 22/08/1991 et 17/07/1997
René Chaumette Histoire du Cours complémentaire
Sources Histoire au fil
Crédit photographies M. BEIRENS et LAPI / Roger-Viollet
Le Parisien Mme Fraysse août 2014
Photographie M. BRIASTRE site: http://www.mennecy-et-son-histoire.com/La
Photographie Jacques Oudin site: http://jacques-oudin-resistant.fr/
Le journal Le Républicain
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